Historique du Comité des Fêtes de Missègre

Les présidentes et présidents du Comité des Fêtes depuis 1975

 Un aperçu rapide des présidences successives depuis l'année 1975 où la Fête de Missègre a repris vie, après quelques années blanches, grâce à l'envie et la persévérance de certains jeunes de l'époque.

( Toute précision et/ou ajout seront les bienvenus. Vous pouvez utiliser la page contact pour les envoyer.)

 

- Marc BRU

- André PAGÈS

- Damien ZANCA

- Jean-Louis SCHILER

- Marie-Hélène POUDOU

- Luc TAILHAN

- Sandrine SCHILER

- Jérôme POUDOU

- Marie-Jo ROLLAND

- Yves BERMUDÈS-Francis COLL

- Yves BERMUDÈS 

 

Les débuts du Comité des Fêtes de Missègre

Une évocation des débuts du Comité des Fêtes de Missègre

 

La fin de la fête de Missègre ?

Jusqu’au début des années 70, la fête de Missègre mobilisait avec succès une grande partie de la population, jeunes et moins jeunes ainsi que la plupart des artisans (plus nombreux qu’aujourd’hui) dont le matériel et le savoir faire étaient indispensables et, en particulier, l’épicerie-café du village. Malheureusement, avec pour conséquence un solde négatif, des « difficultés de gestion » conduisirent à la décision de ne plus organiser de fête. Cet état de fait alimenta des discussions parfois vives sur fond de regret de ne plus voir de festivités à Missègre.  Quant aux responsabilités dans cette affaire, il valait mieux ne pas s’en occuper : chacun y allait de son explication et pensait avoir raison. 

Un renouveau

Pour renouer avec les festivités estivales, il fallait repartir à zéro sur le plan financier mais, une fois oubliées les polémiques locales, la volonté de la population restait heureusement intacte. C’est donc sur la base d’une forte dynamique que naquit le projet de créer un Comité des Fêtes et de lui donner un statut juridique associatif (loi 1901). Le Maire et le Conseil Municipal accueillirent favorablement le projet. Le Comité des Fêtes naissait officiellement en 1975.  

Sans vouloir atteindre la rigueur d’une gestion parfaite, il fallait se donner les moyens d’une gestion réaliste et ne pas engager de dépenses supérieures aux ressources. Pour la première fête organisée par le nouveau Comité, un orchestre aveyronnais fut engagé pour deux jours. Son cachet était très raisonnable compte tenu de la prestation souhaitée (il fallait au moins un accordéon dans l’orchestre, il y en avait trois !). Quant aux ressources prévisionnelles elles devaient rassembler : le soutien financier de la commune, la recette du tour de table et la contribution du café qui gardait la totalité des ventes de boissons durant la fête (la buvette était installée au pied de la terrasse du café contre le bâtiment, dans la Rue de la Forge).

Hormis le soutien de la commune, il s’agissait bien de ressources hypothétiques car personne n’avait de garantie quant à la recette du tour de table et le café ne pouvait anticiper son chiffre d’affaire, la fréquentation étant tributaire de la météo ; faute de local, toute la fête se déroulait à l’extérieur. Dans ces conditions, les membres du bureau et sympathisants étaient bien conscients qu’ils auraient peut être à contribuer personnellement au financement. Mais ce ne fut pas nécessaire, le beau temps n’abandonna pas le Comité, le tour de table fut généreux et, après quelques négociations, la parole du café fut tenue. 

Danse des sucettes et danse invitation

Pour augmenter les chances d’un équilibre financier mais aussi pour ne pas abandonner une tradition pour tout dire « amusante » pratiquée dans beaucoup de fêtes locales, étaient organisées durant le bal la danse des sucettes et la danse invitation. 

Pour la danse des sucettes (aucune allusion à S. Gainsbourg. Vous vous souvenez pourtant des paroles de la chanson « Annie aime les sucettes » interprétée dès 1966 par France Gall…), la danse la plus propice était le slow (série de 3 ou 4 slow… il fallait que ça dure !) qui réunissait amoureusement (à des degrés divers !) les couples jeunes et moins jeunes sur la piste. Chaque couple se voyait proposer des sucettes (La Pie qui Chante et Pierrot Gourmand étaient les marques préférées).  Le garçon était gentiment amené à déposer quelques francs dans la corbeille qui lui était présentée (les billets de 5 francs étaient très appréciés par les organisateurs qui s’arrangeaient pour les mettre bien en vue dans la corbeille…). 

La danse invitation relevait du même principe à la fois « sentimental » et « commercial». Lorsque la piste était bien fournie en danseurs, à la demande des organisateurs, l’orchestre annonçait : « cette danse est la danse invitation ». Jouer le jeu consistait pour le garçon à inviter à la fin de la danse sa cavalière à prendre un verre au café-buvette et… à plus si affinité. Après le verre, le retour vers la piste de danse pouvait prendre du temps (on se perd facilement dans le réseau compliqué des rues de Missègre). 

 

Aménagement de la piste de danse : une opération capitale

Mi-goudronnée, mi-terre battue, grand lieu de passage en particulier des animaux d’élevage, vaches et bœufs, qui venaient se désaltérer à la fontaine,  la place du village tenait lieu de piste de danse. C’est dire que chaque année, il fallait préparer la piste pour obtenir un sol à peu près régulier favorable à la danse (les valseurs apprécient mal les bosses et les trous). S’il faisait chaud, il fallait régulièrement arroser la piste mais sans trop et si la pluie était au rendez-vous on imagine l’état des chaussures après quelques tours de piste !

Avec l’accord de la municipalité, les compétences du maçon et la participation de bénévoles le béton remplaça terre battue et goudron instable. C’était un progrès fort apprécié.  

La bonne santé financière du comité permettait d’envisager d’autres améliorations notamment pour les installations électriques : les guirlandes lumineuses « fabriquées maison » posaient quelques problèmes et les prises et interrupteurs (en porcelaine !) récupérés ici ou là n’étaient plus vraiment d’actualité. L’achat de quelques tréteaux et de portes isoplanes tenant lieu de tables put aussi être  effectué.

 

 

Du nouveau à Missègre : les animations du dimanche après-midi

Encouragés par la réussite des premières fêtes, le Comité décida d’organiser des animations le dimanche après-midi : concours de pétanque pour les amateurs et animation festive pour les autres. 

Par prudence quant au financement, il fallait rester modeste. C’est un groupe de majorettes qui anima pour la première fois un dimanche après-midi de fête. Le coût était faible : pas de cachet, seul restait à financer le transport en autocar. La prestation fut sympathique et bon enfant : musique diffusée par un haut parleur juché sur le toit d’une voiture suivie par quelques dizaines de jeunes filles exécutant avec application des figures consciencieusement répétées. 

Toujours dans cette période des premières années du Comité et toujours pour limiter les dépenses, une des animations retenues fut une course de karting présentée par la section karting du Foyer des Jeunes et d’Education Populaire de Carcassonne. Le circuit : descente de la rue du Barry d’Abal, remontée par la Carreirasse et passage sur l’actuelle Route des Coumes. Les coureurs n’étaient pas des professionnels, les sorties de piste ne manquèrent pas. Quant aux mécaniques, le démarrage à froid ne posait pas de problème mais après quelques tours de circuit les moteurs surchauffés avaient du mal à repartir : une partie du spectacle fut donnée par des membres du comité qui, dans le nuage de fumée des moteurs deux temps et au péril de leur sécurité (!), se dévouèrent pour pousser les machines récalcitrantes. 

 

Changement de catégorie

Dans les années qui suivirent, les conditions financières permirent d’être plus ambitieux tout en restant mesurés. On pouvait passer à la catégorie supérieure dans le choix des orchestres. Les débats entre ceux qui voulaient un orchestre plutôt bal à papa avec accordéon et ceux qui préféraient les rythmes des Beatles et de la Pop étaient animés ; il fallait trouver un juste équilibre. 

 

On se souvient peut être qu’à l’époque le pont de la terre rouge (entre la Soulane et la boîte) était plus étroit qu’aujourd’hui, ce qui rendait difficile la manœuvre aux chauffeurs de bus en raison de la longueur du véhicule. A deux reprises le bus de l’orchestre (bus avec couchettes !) se fit attendre. Inquiétude : se serait-on mal compris ? erreur de date ? accident ?… Pas encore de téléphone portable à la fin des années 70. Après un long temps d’attente, un automobiliste qui montait de Limoux nous donnait la réponse : le bus était coincé au pont de la terre rouge. Déplacement sur les lieux, manœuvres périlleuses au prix de quelques tôles froissées et important retard de l’installation pour le démarrage de la fête qui pourtant fut réussie.

 

Le cassoulet fermenté n’est pas une spécialité missègroise et pourtant…

Cette année là, l’animation du dimanche après-midi devait être assurée par le Réveil Nouvellois et par les majorettes de La Nouvelle. Le cachet avait été négocié au plus bas car assorti d’une invitation au repas de midi offert par le Comité aux musiciens et aux majorettes. Plat principal : un délicieux cassoulet préparé par nos irremplaçables cuisinières. Le repas fut joyeux et arrosé. Pour ne rien manquer de l’animation de l’après-midi, le rangement de la salle du repas (la salle de classe car le foyer n’existait pas) fut vite expédié. 

Mais quand en fin d’après midi après le bal, envisageant un éventuel repas collectif, nos cuisinières entrèrent dans la salle de classe elles comprirent vite à l’odeur acre qui régnait que quelque chose n’allait plus : les terrines de cassoulet soigneusement protégées de tissus, faute d’installations frigorifiques, étaient restées sur les tables. Levés, les tissus révélèrent une fermentation bouillonnante… 

Qu’on ne pense pas que les cuisinières furent découragées. Elles mettent toujours leurs talents au service du Comité et ont même suscité des vocations au sein de leur succession.

 

Pas encore de communication numérique sans fil

C’est aussi dans les premières années que la recherche de ressources pour étoffer le programme de la fête amena le Comité à organiser des lotos au cours de la période hivernale. Lotos avec volailles vivantes et pas des dindes blanches d’élevage. S’il vous plaît, de vraies dindes noires élevées au grain comme on en trouvait encore assez facilement dans le Lauragais.

Rien n’était simple. Le problème principal était celui des locaux. Nous pouvions compter sur la salle du café et ses « annexes » ainsi que sur la salle de classe. Mais il fallait un moyen pour communiquer à distance d’un lieu à l’autre ; en duplex comme on disait à la télé à l’époque des jeux intervilles animés par Guy Lux, Léon Zitrone et Simone Garnier. 

La solution consistait à relier chacun des lieux avec des fils électriques (toujours difficiles à démêler) pour transmettre le son des micros vers les hauts parleurs via des amplificateurs. Ces derniers (prêtés par la fédération des œuvres laïques) n’étaient pas de la première jeunesse (des Bouyer à lampes). L’inévitable se produisit à plusieurs reprises : panne irréparable sur place. Contre mauvaise fortune bon cœur, avec un froid hivernal, les membres du comité formèrent une chaîne pour assurer la communication d’un lieu à l’autre, répétant consciencieusement les numéros et annonçant sans faillir les quines et les cartons pleins.  

 

La tradition des buis

Si à son origine le Comité tenait à rompre avec une gestion chaotique, le but était aussi et surtout de s’inscrire dans la continuité des festivités locales. Le maintien de la tradition des buis en est certainement l’exemple emblématique. 

Le buis conserve son vert éclatant même en été et convient parfaitement pour la décoration du bal, de plus, il a dans nos cultures, une forte valeur symbolique et utilitaire (avant les matières plastiques le buis était utilisé pour fabriquer nombre d’objets du quotidien, comme les peignes ou les robinets des fûts en bois).  

Abandonnée dans de nombreux villages, la tradition des buis s’est maintenue à Missègre mais les façons de procéder ont un peu changé. Lors des premières années du Comité, les tâches étaient réparties entre femmes et hommes. Les premières, avec les enfants, se chargeaient de la confection des guirlandes : il faillait aller chercher des rameaux de buis à proximité du village puis, avec de la ficelle à charcuterie, entourer de buis un cordage sur toute sa longueur, plusieurs dizaines de mètres. On procédait de même pour les cœurs marquant les deux entrées du bal. 

Pour leur part, les hommes équipés d’outils savamment affutés allaient dans un secteur de la commune repéré à l’avance faire le plein d’une remorque avec des buis de bonne taille pour dresser les palissades autour du bal. 

Un petit déjeuner champêtre fut institué, remontant le moral des troupes, il permit de mobiliser toujours plus d’adeptes pour les buis.   

Aujourd’hui la journée du buis voit femmes, hommes et enfants au départ pour faire le plein des remorques. Les préparatifs, c’est aussi la fête. 

 

Le foyer du Casteillas

Le Comité connut un vrai tournant avec l’avancement du projet d’aménager un local qui permettrait de se replier à l’abri en cas de mauvais temps et d’organiser des soirées d’animation à n’importe quel moment de l’année. Le budget de la commune étant limité, l’idée de construire un foyer ne pouvait être retenue. 

En raison des opportunités de financement, la solution consista d’abord à concevoir la construction d’un préau pour l’école. Les anciens élèves de l’école de Missègre se souviennent des récréations passées en salle de classe à cause du mauvais temps.

  Mais il s’agissait aussi de prévoir une salle pouvant accueillir du public, le tout sans gêner le fonctionnement scolaire. 

Au final le projet devait apporter un plus pour l’école (un préau pouvant être utilisé pour l’éducation physique et l’expression corporelle) et pour le Comité (une salle des fêtes). 

 

Après plusieurs discussions pour rendre les deux objectifs compatibles, le démarrage du projet put avoir lieu. Au tout début de l’opération on parlait davantage de préau que de foyer comme en témoignent les plans dressés par un architecte. 

Les sources de financement n’étaient pas exceptionnelles mais restaient appréciables. Les élus du département furent sollicités et répondirent favorablement. 

D’autre part un soutien put être obtenu avec le label PAJ (Point Accueil Jeunes). Le panneau PAJ est resté longtemps sur la façade du foyer ; on doit aussi à ce label une meilleure signalétique routière (quand vous êtes à la boîte en direction de Missègre vous pouvez voir sur le panneau qui existe toujours, que la mention PAJ a été occultée).   

Les moyens financiers étaient limités. Il fallait agir par petites étapes. Travaux de toiture, installation électrique, faux plafond, sanitaires, fermeture en bois de la façade donnant sur la cour, extensions jusqu’aux plus récentes… prirent plusieurs années mais le résultat est aujourd’hui bien tangible, à la satisfaction de tous. 

 

 

Evoquer quelques uns des épisodes des premières années du Comité des Fêtes à l’occasion du quarantième anniversaire ne va pas sans susciter des sentiments mêlés. 

Un regret d’abord, celui de ne plus avoir avec nous des figures locales qui ont œuvré pour qu’existe et se perpétue la fête de Missègre. Déjà quarante années sont passées et, parmi ceux qui ont défendu avec ferveur la création du Comité, plusieurs ont disparu. C’est un peu à leur mémoire qu’il faut dédier ce quarantième anniversaire. 

Mais aussi une satisfaction, celle de constater qu’au fil des années le Comité n’a pas manqué et ne manque toujours pas d’imagination. Plusieurs évolutions ont démontré les capacités d’adaptation du Comité. Les temps changent mais l’essentiel, la convivialité et le lien social sont toujours présents. Les preuves en sont les festivités et les animations du quarantième anniversaire qui réunissent anciens, moins anciens et nouveaux pour que vive longtemps la fête de Missègre. 

 

 

 

NB : pour n’oublier personne dans le texte qui précède aucun nom n’est cité mais il n’est certainement pas inutile de commencer une liste qui pourra être complétée sur le site du Comité.

 

Au moment de la création du Comité, Antoine Bernat était Maire du village. Jean Barzu lui succéda en 1977.

Parmi les personnes en tête pour la coupe des buis, on comptait Charles Avogadro, Joseph Poudou, Jean Menara, Aimé Taillefer, François Rouyre …

Les artisans impliqués dans l’installation : Serge Poudou, maçon, fournissait plateaux de bois, tréteaux pour monter l’orchestre et les « filates » (grands poteaux de bois) ; Aimé Taillefer, menuisier fournissait aussi des plateaux de bois et on allait dans son atelier, grand lieu de débats animés par Melchior Sérié, emprunter clous, marteaux et tenailles. On comptait aussi sur Barthélémy Gazel, forgeron ; les cœurs métalliques des entrées du bal sont sortis de son atelier ; son fils Jacques (l’homme à la pipe) s’occupait dans les premiers temps de l’installation électrique du bal…

Missègre comptait deux épiceries : épicerie-café chez Crabol et épicerie-buraliste-tabac chez Delfour également station service Total. Le café-hôtel-restaurant Barbaza (chez Hypolite et Germaine) avait cessé progressivement son activité depuis 1973.

 

La boulangerie Augé (Adrien et Irma) était en activité au moment de la création du Comité des Fêtes. C’est d’ailleurs dans le four d’Adrien qu’avaient mijoté les cassoulets dont il a été question plus haut.

 

Avec Robert Capdeville, Conseiller Général du Canton de Couiza devenu Président du Conseil Général de l’Aude en 1973 puis Président de la Région Languedoc-Roussillon en 1983, Missègre avait l’écoute attentive des instances de décision, ce qui était un réel atout pour la réalisation des projets y compris, directement ou indirectement, pour l’avancement de ceux du Comité des Fêtes. 

 

par Monique et Marc Bru